Cinema Improbable

MegaPython vs Gatoroid

Notation 2,5/10

Mega Python vs Gatoroid est un film d'horreur de The Asylum réalisé par Mary Lambert et diffusé sur SyFy en 2011.

Avec un budget relativement restreint (500 000 dollars) il dure 90 minutes environ.

Synopsis : Après nous avoir servi deux films avec un Mega Shark, The Asylum le délaisse pour un conflit entre serpents et crocodiles ! (on signalera la nouveauté dans le scénario, à savoir la présence d'une armée de monstres et non plus d'un affrontement entre deux bestioles).

L'histoire débute avec une écolo de la pire espèce qui vole des serpents pour les remettre en liberté dans une réserve naturelle située en plein bayou (apparemment le nouveau lieu tendance pour ce genre de films avec Killer Shark) ; bref on sent dès le début le couplet écolo qui nous pend au nez ! Les serpents se multipliant de façon alarmante, les chasseurs du coin commencent à en faire un massacre, mais des crocodiles sortis de nulle part se joignent aux réjouissances et les bouseux se font vite surpasser en nombre.

Afin de résoudre le problème, le shérif du coin trouve une solution formidable : trouver un plus gros alligator pour combattre les serpents ! Comme ça pour combattre les alligators on aura plus qu'à aller chercher Godzilla, puis pour tuer Godzilla, bah... en général ce raisonnement finit mal... bref, des stéroïdes (qui ressemblent étonnement au Venin de Bane) sont donnés aux alligators qui grandissent dans des proportions dantesques ; les reptiles se livrent donc à un véritable Battle Royale, ce qui entraine la propagation du sérum et au bout de quelques temps une armada de monstres transgéniques fait son apparition !

Le plus amusant est que tout le monde s'en tape, à part un professeur/chaman qui comprend que des serpents et crocodiles géants, bah ça peut être dangereux...Les monstres qui se battaient entre eux décident soudainement qu'il serait plus profitable de former une alliance pour aller gober les humains et se manifestent en gâchant la petite sauterie organisée par la commune, puis en allant se faire un road trip dans la ville la plus proche. Nos antihéros trouvent alors une idée éblouissante pour contrer la menace, à savoir vaporiser des phéromones pour forcer les bestioles à retourner dans le parc naturel afin de les dégommer (leurs œufs compris) à grands coups de TNT, car ces saloperies se reproduisent comme grêle en Avril !

Il est quasiment impossible de prendre le film au sérieux tant le second degré (voire le 28e) est omniprésent. L'histoire est en effet parsemée de clins d’œil pour faire comprendre au spectateur que c'est le seul moyen de sauver l'entreprise vouée au culte du mauvais film par excellence ! (un dirigeable avec le logo The Asylum se fait dévorer, un crocodile géant défonce l'entrée d'un centre commercial portant l'inscription "soldes monstrueuses aujourd'hui"...)

Est-ce une excuse pour autant ? Pas vraiment, mais le principe de base demeure : plus c'est con, plus c'est bon ! Enfin, le film s'articule autour de deux tableaux entre les monstres d'une part et la rivalité croissante entre Deborah et Tiffany (métaphore de leur rivalité musicale aux USA) qui atteint son apogée lors d'une scène quasi-pornographique de bagarre de pyjama entre les deux biatches, à grands renforts de poings et de crème fouettée.

 

Réalisation : Mary Lambert s'est déjà fait les crocs avec des films comme Simetierre qui a connu un succès relatif ou le 3e volet d'Urban Legend dans un autre style.

Première chose à signaler, ce n'est pas courant de voir une meuf réaliser ce genre de films ! (loin de moi une pensée machiste, mais ce genre de films contient en général une forte dose de testostérone.) Du coup une touche de féminité change-t-elle la donne ? Oui, si l'on considère que les héros sont des femmes...
Heureusement pour le reste nous retrouvons nos chères habitudes de The Asylum, à savoir des effets visuels certes très nombreux mais toujours aussi grotesques ; même si la réalisatrice a eu la bonne idée (qui n'est plus nouvelle depuis le temps) d'inclure des vraies images de reptiles, celles-ci sont tellement mal synchronisées que ça en devient ridicule. Les scènes d'attaque sont toujours selon le même principe, à savoir un gonze qui se trémousse seul devant une caméra et on rajoute (avec Paint) des images en CGI de monstres ; dans certaines scènes les acteurs regardent carrément au mauvais endroit, c'est lamentable...

Pour le montage, pareil même système : des plans bourrés de faux-raccords infestent autant le film que ces saloperies de reptiles. Fidèles à eux-mêmes, les scénaristes (ou toute autre personne responsable) enchaînent les erreurs dans le script ; les pythons ne produisent pas 100 œufs par couvée mais à peine une quinzaine; cela peut sembler anecdotique mais ça reflète le jmenfoutisme des scénaristes, pas foutus de faire une simple vérification dans un bouquin... c'est quand même pas compliqué avec Wikipédia aujourd'hui !

 

Bande-son : On retrouve notre bon vieux Chris Ridenhour qui semble avoir comme projet personnel de nous pourrir la vie avec Shark Week, Nazis at the Center of the Earth, MegaShark vs Crocosaurus, j'en passe et des meilleurs...

La musique d'intro n'est pas sans rappeler Ford Boyard, sinon le reste est toujours servi à la même sauce, des morceaux censés augmenter le stress mais qui font juste mal aux oreilles. Les bruitages ne sont pas mieux entre les explosions et les hurlements des monstres sortis tout droit d'Age of Mythology !

Les références aux chansons de Deborah et Tiffany ne sont pas brillantes (Debbie murmurant à l'autre grognasse après s'être battues "I think we're alone now", titre de l'un de ses tubes...).

 

Jeu des acteurs/Personnages : Deborah Gibson et Tiffany (qui produisent le film) sont beaucoup plus crédibles en chanteuses pop pour ados prépubères qu'en actrices avec en plus des antécédents (Mega Piranha pour Tiffany et MegaShark vs GiantOctopus pour Deborah).

Le jeu d'acteur est donc un peu beaucoup à chier avec des personnages mous et superficiels, même pas foutus de jouer la surprise devant des reptiles gigantesques. La shérif est encore une fois une vilaine caricature, et entre l'écolo folle qui est prête à tout pour sauver ses serpents adorés et la Ranger qui veut la prolifération des crocodiles, bah les autres persos sont mal barrés dès le début...

 

Conclusion : Un énième film de The Asylum sur le thème de monstres gigantesques bourrés aux anabolisants qui boulottent une bande de couillons encore plus bêtes qu'eux. Entre des effets qui font mal aux yeux, une réalisation qui irrite l'esprit le plus primitif et un jeu d'acteur à régurgiter ses sucs gastriques, ce film est clairement dangereux pour la santé ! Seul son côté second degré "assumé" le rend à peu près regardable, et encore avec un sac plastique (pas pour vomir mais pour s’étouffer avec).